Blood Diamond, de Edward Zwick * * *
Auteur de Glory et d’A l’épreuve du feu, Edward Zwick a bâti une œuvre cohérente et généralement peu remarquée en France ; l’histoire des Etats-Unis, et les rapports entre loi et violence, en sont les thèmes principaux. Blood diamond, qui vient de sortir sur nos écrans, en est un important jalon, un film d’aventures haletant qui témoigne d’un engagement humaniste.
Il y a quelques années, le Sierra Leone était en proie à une guerre civile dont l’enjeu véritable était le contrôle des mines de diamants du pays. Profitant de l’anarchie généralisée, des contrebandiers fournissent les joailliers anversois et londoniens de diamants sans existence légale, et qui servent à financer la vente d’armes. Un pêcheur, Solomon Vandy, capturé par les rebelles et séparé de sa famille, parvient à s’enfuir de la mine de diamants où il est contraint de travailler, non sans avoir caché un énorme diamant rose dans un endroit connu de lui seul. Il croise en prison le contrebandier Danny Archer qui, ayant vent de l’existence du diamant, parvient à les faire libérer tous les deux. Les voilà jetés sur les routes peu sûres du pays, à la recherche de la pierre précieuse, et de la famille de Solomon.
Le cinéma américain est en ce moment friand d’histoires mettant en valeur l’ambiguïté (pour le moins) de l’Occident face aux conflits qui dévastent la planète ; et, sans doute parce que les Etats-Unis y sont moins directement engagés, l’Afrique est le lieu de ces interrogations. Edward Zwick en rapporte quelques cartes postales pas désagréables, mais qui ne constituent pas, heureusement, l’essentiel de son film. Il construit un récit d’aventures trépidant et au scénario riche en rebondissements. Filmé autant que possible sur place, Blood Diamond soumet le spectaculaire au vraisemblable, même si Apocalypse now est brièvement cité au passage, et montre le désordre sanglant des combats de rue, les exactions des milices, le conditionnement des enfants-soldats.
Si une dernière séquence béatement consensuelle vient rassurer le spectateur du samedi soir, il n’en reste pas moins que l’histoire est cruelle. « T.I.A. », scandent les personnages désabusés, avant d’expliquer aux blancs tout juste débarqués : « This Is Africa » : il n’y aura finalement pas de romance entre le contrebandier et la journaliste d’investigation, qui appartiennent à deux planètes différentes. Danny Archer et son ambigu mentor, le colonel Coetzee, joué sans caricature par Arnold Vosloo sont perdus entre deux appartenances : ils sont des blancs, coloniaux, souvent méprisants — et sincères lorsqu’ils revendiquent une identité africaine, puisqu’ils ne connaissent que ce continent. Ils font ici face à d’autres déracinés, les réfugiés victimes de la guerre civile. Il ne s’agit donc pas d’opposer les races ni les classes sociales, de distinguer des bons et des méchants, mais plutôt d’interrompre le cycle de la violence et de l’autodestruction.
Le propos, on le voit, est donc d’une vraie finesse. Il est porté, dans la tradition du meilleur cinéma engagé, non pas par un récit divertissant qui aurait pour mission de « faire passer » la pilule du dossier politique, mais par une tension dramatique qui charge la démonstration d’humanité, pour n’accabler que les cyniques. Le film ne serait pas ce qu’il est, à ce titre, sans l’interprétation impressionnante de Djimon Hounsou, qui donne toute l’énergie nécessaire au personnage de Solomon, dont l’obstination, tout au long du film, déjoue les plans des autres personnages, et le fatalisme du T.I.A.
Durée : 2h22
Date de sortie : 31 janvier 2007
Scénario : Charles Leavitt, C. Gaby Mitchell
Assistant réalisateur : Nilo Otero
Production : Kevin De La Noy, Gillian Gorfil, Marshall Herskovitz, Graham King, Darrell Roodt, Paula Weinstein, Edward Zwick
Décors : Dan Weil
Photographie : Eduardo Serra
Son : Jon Title
Montage : Steven Rosenblum
Effets visuels : Jeffrey A. Okun
Musique : James Newton Howard
Danny Archer : Leonardo DiCaprio
Maddy Bowen : Jennifer Connelly
Dia Vandy : Kagiso Kuypers
Le colonel Coetzee : Arnold Vosloo
Cordell Brown : Anthony Coleman
Jassie Vandy : Benu Mabhena
Poison : David Harewood
Rupert Simmons : Michael Sheen
Il y a quelques années, le Sierra Leone était en proie à une guerre civile dont l’enjeu véritable était le contrôle des mines de diamants du pays. Profitant de l’anarchie généralisée, des contrebandiers fournissent les joailliers anversois et londoniens de diamants sans existence légale, et qui servent à financer la vente d’armes. Un pêcheur, Solomon Vandy, capturé par les rebelles et séparé de sa famille, parvient à s’enfuir de la mine de diamants où il est contraint de travailler, non sans avoir caché un énorme diamant rose dans un endroit connu de lui seul. Il croise en prison le contrebandier Danny Archer qui, ayant vent de l’existence du diamant, parvient à les faire libérer tous les deux. Les voilà jetés sur les routes peu sûres du pays, à la recherche de la pierre précieuse, et de la famille de Solomon.
Le cinéma américain est en ce moment friand d’histoires mettant en valeur l’ambiguïté (pour le moins) de l’Occident face aux conflits qui dévastent la planète ; et, sans doute parce que les Etats-Unis y sont moins directement engagés, l’Afrique est le lieu de ces interrogations. Edward Zwick en rapporte quelques cartes postales pas désagréables, mais qui ne constituent pas, heureusement, l’essentiel de son film. Il construit un récit d’aventures trépidant et au scénario riche en rebondissements. Filmé autant que possible sur place, Blood Diamond soumet le spectaculaire au vraisemblable, même si Apocalypse now est brièvement cité au passage, et montre le désordre sanglant des combats de rue, les exactions des milices, le conditionnement des enfants-soldats.
Si une dernière séquence béatement consensuelle vient rassurer le spectateur du samedi soir, il n’en reste pas moins que l’histoire est cruelle. « T.I.A. », scandent les personnages désabusés, avant d’expliquer aux blancs tout juste débarqués : « This Is Africa » : il n’y aura finalement pas de romance entre le contrebandier et la journaliste d’investigation, qui appartiennent à deux planètes différentes. Danny Archer et son ambigu mentor, le colonel Coetzee, joué sans caricature par Arnold Vosloo sont perdus entre deux appartenances : ils sont des blancs, coloniaux, souvent méprisants — et sincères lorsqu’ils revendiquent une identité africaine, puisqu’ils ne connaissent que ce continent. Ils font ici face à d’autres déracinés, les réfugiés victimes de la guerre civile. Il ne s’agit donc pas d’opposer les races ni les classes sociales, de distinguer des bons et des méchants, mais plutôt d’interrompre le cycle de la violence et de l’autodestruction.
Le propos, on le voit, est donc d’une vraie finesse. Il est porté, dans la tradition du meilleur cinéma engagé, non pas par un récit divertissant qui aurait pour mission de « faire passer » la pilule du dossier politique, mais par une tension dramatique qui charge la démonstration d’humanité, pour n’accabler que les cyniques. Le film ne serait pas ce qu’il est, à ce titre, sans l’interprétation impressionnante de Djimon Hounsou, qui donne toute l’énergie nécessaire au personnage de Solomon, dont l’obstination, tout au long du film, déjoue les plans des autres personnages, et le fatalisme du T.I.A.
Etienne Mahieux
- BANDE ANNONCE
- LIENS INTERNET
- FICHE TECHNIQUE
Durée : 2h22
Date de sortie : 31 janvier 2007
Scénario : Charles Leavitt, C. Gaby Mitchell
Assistant réalisateur : Nilo Otero
Production : Kevin De La Noy, Gillian Gorfil, Marshall Herskovitz, Graham King, Darrell Roodt, Paula Weinstein, Edward Zwick
Décors : Dan Weil
Photographie : Eduardo Serra
Son : Jon Title
Montage : Steven Rosenblum
Effets visuels : Jeffrey A. Okun
Musique : James Newton Howard
- DISTRIBUTION
Danny Archer : Leonardo DiCaprio
Maddy Bowen : Jennifer Connelly
Dia Vandy : Kagiso Kuypers
Le colonel Coetzee : Arnold Vosloo
Cordell Brown : Anthony Coleman
Jassie Vandy : Benu Mabhena
Poison : David Harewood
Rupert Simmons : Michael Sheen
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