Michael Clayton, de Tony Gilroy * * *

Arthur Edens est l’un des principaux associés d’un grand cabinet d’avocats new-yorkais. Il se charge lui-même de négocier au nom de son client, la U/North, une grande entreprise d’agrochimie qui tâche d’éviter d’être traînée en justice par les victimes d’une importante pollution dont elle est responsable. Quand Arthur, surmené et dépressif, pète un câble en pleine négociation, le cabinet envoie l’un de ses employés, Michael Clayton, spécialiste des affaires embarrassantes, pour limiter les dégâts. Il découvre qu’Arthur, scandalisé par l’hypocrisie de ses propres clients, a réuni contre eux un dossier accablant.
Les torts exacts de la U/North sont, pour s’exprimer en termes hitchcockiens, un MacGuffin. Tony Gilroy, scénariste de la trilogie Jason Bourne, ici auteur complet pour la première fois, n’a certes pas choisi pour rien d’en faire un dossier de nature écologique, ce qui suffit à établir la nature politique du film — pour ceux à qui la présence parmi les artisans du projet de Sydney Pollack, et des duettistes Clooney et Soderbergh, n’aurait pas déjà mis la puce à l’oreille.
L’essentiel n’est pourtant pas là : c’est bel et bien le déroulement de l’intrigue lui-même qui contient la plus importante, et la plus subtile, des réflexions politiques proposées par le film. Michael Clayton, qui à la suite d’Edens décide de se retourner contre la U/North, a pour adversaire une employée de la firme, comme lui petite main des situations délicates, Karen Crowder. Courtois au début, leur affrontement amène la jeune femme à déraper en s’autorisant le recours à la violence. Mais le film ne nous laisse pas ignorer la violente pression qui pousse celle-ci de l’autre côté des barrières morales, avec lesquelles Clayton lui-même flirte constamment : c’est son métier. Michael Clayton raconte finalement un affrontement entre lampistes potentiels, aliénés à des degrés divers par leur dévouement envers leur employeur ou leur entreprise, et qui pour un peu auraient pu échanger leurs rôles, ce que souligne une superbe fin.

Entre classicisme engagé et embardées poétiques, Tony Gilroy cherche sa voie avec talent. Peut-on lui conseiller de choisir la poésie ? C’est à elle que Michael Clayton doit ses arguments les plus convaincants.
Etienne Mahieux
- BANDE ANNONCE
- FICHE TECHNIQUE
Durée : 1h59
Date de sortie : 17 octobre 2007
Scénario : Tony Gilroy
Assistant réalisateur : Steve Apicella
Production : Jennifer Fox, Kerry Orent, Sydney Pollack, Steve Samuels, George Clooney, Anthony Minghella, Steven Soderbergh
Décors : Kevin Thompson
Photographie : Robert Elswit
Son : Paul P. Soucek
Montage : John Gilroy
Musique : James Newton Howard
- DISTRIBUTION
Arthur Edens : Tom Wilkinson
Karen Crowder : Tilda Swinton
Marty Bach : Sydney Pollack
Barry Grissom : Michael O’Keefe
Anna : Merritt Wever
Mr. Verne : Robert Prescott
Gene Clayton : Sean Cullen
Ivy : Jennifer Van Dyck
Jeff Gaffney : Douglas McGrath
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