Après lui, de Gaël Morel * * *
On connaît l’histoire : une femme mûre apprend que son fils de 2O ans est mort dans un accident de voiture.N’arrivant pas à faire son deuil, elle rejette sa famille et se rapproche de l’ami de son fils, responsable de l’accident.
Le choix de Catherine Deneuve est excellent en femme paumée, qui refuse le Temps. Elle joue Camille avec un naturel parfait : son beau visage abîmé par la chirurgie esthétique qui efface les rides mais boursoufle les traits, traduit cette dérive pathétique d’une femme qui ne veut pas vieillir : il faut la voir à la clinique où sa fille vient d’accoucher, l’air dégoûté. A la question de sa fille : « Comment veux-tu que le bébé tappelle : mamie, grand-mère ?» Elle répond excédée : « Il m’appelera Camille ». Et quand on lui fourgue le bébé dans les bras pour la sacro-sainte photo, elle s’en débarasse rapidement, prétextant un malaise. La féminité lui fait peur. Sa fille, qui se plaint de contractions lorsque, enceinte de 3 mois, elle apprend la mort de son frère, se fait rembarrer : « On n’a pas de contractions à 3 mois » lui assène sa mère.
De même, après la mort de son frère, Elodie Bouchez se rend avec le bébé chez sa mère. Elle a la clef, elle s’installe et s’apprête à donner le sein à son fils (ou sa fille je ne me souviens plus). Camille arrive, et furieuse de la présence de sa fille, la pousse violemment dehors, en réclamant la restitution de la clef (la clef, symbole phallique).
Habillée de pantalons et d’une veste de cuir, coiffée avec un je-m’en-foutisme étudié : faux chignon qui se casse volontairement la gueule, ou coiffure « jeune fille » qui rappelle Les parapluie de Cherbourg, Catherine Deneuve joue dans ce film un rôle ambigü : elle rejette son ex-mari, un Guy Marchand débonnaire et déplumé, mais l’encourage dans sa liaison avec une autre femme. Et quand son mari ose lui demander si , elle aussi, a trouvé quelqu’un, elle le regarde avec mépris ou étonnement, l’air de dire : je suis au-dessus de ça…
En fait, la première scène du film explique tout :
Le fils est étalé sur son lit, écoutant du rock. Panoramique sur lui, puis sur une robe qui traine sur le lit. On pense à une petite amie. Mais avec Christophe Honoré en co-scénariste du film, évidemment une homosexualité douteuse plane…le « meilleur ami » , maquillé et se tortillant dans une robe ridicule , monte sur le lit et se tient debout, écartant les jambes au-dessus du visage du fils.
Puis tous les deux se préparent, essayent des robes, se maquillent, quand Camille ouvre brutalement la porte, et les voyant tous les deux « en filles », éclate de rire et vient les aider à se maquiller, rajoutant un peu de rouge sur une pommette, plaçant délicatement des faux-cils sur la paupière de l’un ou l’autre, pour enfin s’enquérir du pourquoi de ces déguisements.
« On va enterrer la vie de garçon d’un copain » répond le fils. C’est le cas de le dire !
Un enterrement définitif de sa vie de garçon et de sa vie de « fille ».
Toute mère aurait été choquée de voir son fils ainsi déguisé, mais pas Camille qui semble approuver la dévirilisation de son fils. Au moins lui n’épouse pas une fille et ne lui fait pas un gosse, comme sa propre fille qui accepte sa féminité et le temps qui passe, la rendant mère après avoie été épouse…
Catherine Deneuve a toujours déclaré aimer faire la fête. On la voit, dans ce film, boire, fumer, taper des mains dans un spectacle de rock, complètement décalée au milieu de jeunes gens, et d’ados. Son rôle, qu’elle joue à merveille, est pathétique, et c’est ce qui en fait le charme. Son horreur pour la mort et son amour de la vie ne peut que trouver des échos chez le spectateur. Mais cette fuite éperdue est touchante parce que son amour pour son fils est si grand que tout ce qui touche son fils est sacré. Ce n’est pas un fils de substitution quelle cherche dans la compagnie de l’ami, c’est un prolongement de ce fils adoré.
C’est pourquoi elle envoie balader sa famille qui ne peut que la plaindre, alors qu’elle n’est pas sur ce registre. Elle veut vivre, s’amuser, retrouver dans chaque jeune homme le fils perdu, au risque de se perdre.
Scenariste : Christophe Honoré
Date de sortie : 23 Mai 2007
Durée : 1h 30min
Pays : France
Producteurs : Isabelle Pragier, Laurent Lavolé
Directeur De Production : Bénédicte Mellac
1er Assistant Réalisateur : Bertrand Guerry
Casting : Jacques Grant
Chef Décorateur : Zé Branco
Compositeur : Louis Sclavis
Costumes Catherine Leterrier, Pierre Canitrot
Directeur De La Photographie : Jean-max Bernard
Ingénieur Du Son : Corinne Rozenberg, François Groult,Jean Minondo
Monteur : Catherine Schwartz
Régisseur : Jérémie Chevret
Script : Isabelle Vossart
Thomas Dumerchez : Franck
Adrien Jolivet : Mathieu
Amina Medjoubi : La Mère De Franck
Elli Medeiros : Pauline
Elodie Bouchez : Laure
Guy Marchand : François
Luis Rego : Le Père De Franck
Le choix de Catherine Deneuve est excellent en femme paumée, qui refuse le Temps. Elle joue Camille avec un naturel parfait : son beau visage abîmé par la chirurgie esthétique qui efface les rides mais boursoufle les traits, traduit cette dérive pathétique d’une femme qui ne veut pas vieillir : il faut la voir à la clinique où sa fille vient d’accoucher, l’air dégoûté. A la question de sa fille : « Comment veux-tu que le bébé tappelle : mamie, grand-mère ?» Elle répond excédée : « Il m’appelera Camille ». Et quand on lui fourgue le bébé dans les bras pour la sacro-sainte photo, elle s’en débarasse rapidement, prétextant un malaise. La féminité lui fait peur. Sa fille, qui se plaint de contractions lorsque, enceinte de 3 mois, elle apprend la mort de son frère, se fait rembarrer : « On n’a pas de contractions à 3 mois » lui assène sa mère.
De même, après la mort de son frère, Elodie Bouchez se rend avec le bébé chez sa mère. Elle a la clef, elle s’installe et s’apprête à donner le sein à son fils (ou sa fille je ne me souviens plus). Camille arrive, et furieuse de la présence de sa fille, la pousse violemment dehors, en réclamant la restitution de la clef (la clef, symbole phallique).
Habillée de pantalons et d’une veste de cuir, coiffée avec un je-m’en-foutisme étudié : faux chignon qui se casse volontairement la gueule, ou coiffure « jeune fille » qui rappelle Les parapluie de Cherbourg, Catherine Deneuve joue dans ce film un rôle ambigü : elle rejette son ex-mari, un Guy Marchand débonnaire et déplumé, mais l’encourage dans sa liaison avec une autre femme. Et quand son mari ose lui demander si , elle aussi, a trouvé quelqu’un, elle le regarde avec mépris ou étonnement, l’air de dire : je suis au-dessus de ça…
En fait, la première scène du film explique tout :
Le fils est étalé sur son lit, écoutant du rock. Panoramique sur lui, puis sur une robe qui traine sur le lit. On pense à une petite amie. Mais avec Christophe Honoré en co-scénariste du film, évidemment une homosexualité douteuse plane…le « meilleur ami » , maquillé et se tortillant dans une robe ridicule , monte sur le lit et se tient debout, écartant les jambes au-dessus du visage du fils.
Puis tous les deux se préparent, essayent des robes, se maquillent, quand Camille ouvre brutalement la porte, et les voyant tous les deux « en filles », éclate de rire et vient les aider à se maquiller, rajoutant un peu de rouge sur une pommette, plaçant délicatement des faux-cils sur la paupière de l’un ou l’autre, pour enfin s’enquérir du pourquoi de ces déguisements.
« On va enterrer la vie de garçon d’un copain » répond le fils. C’est le cas de le dire !
Un enterrement définitif de sa vie de garçon et de sa vie de « fille ».
Toute mère aurait été choquée de voir son fils ainsi déguisé, mais pas Camille qui semble approuver la dévirilisation de son fils. Au moins lui n’épouse pas une fille et ne lui fait pas un gosse, comme sa propre fille qui accepte sa féminité et le temps qui passe, la rendant mère après avoie été épouse…
Catherine Deneuve a toujours déclaré aimer faire la fête. On la voit, dans ce film, boire, fumer, taper des mains dans un spectacle de rock, complètement décalée au milieu de jeunes gens, et d’ados. Son rôle, qu’elle joue à merveille, est pathétique, et c’est ce qui en fait le charme. Son horreur pour la mort et son amour de la vie ne peut que trouver des échos chez le spectateur. Mais cette fuite éperdue est touchante parce que son amour pour son fils est si grand que tout ce qui touche son fils est sacré. Ce n’est pas un fils de substitution quelle cherche dans la compagnie de l’ami, c’est un prolongement de ce fils adoré.
C’est pourquoi elle envoie balader sa famille qui ne peut que la plaindre, alors qu’elle n’est pas sur ce registre. Elle veut vivre, s’amuser, retrouver dans chaque jeune homme le fils perdu, au risque de se perdre.
Françoise Balazard
- BANDE ANNONCE
- FICHE TECHNIQUE
Scenariste : Christophe Honoré
Date de sortie : 23 Mai 2007
Durée : 1h 30min
Pays : France
Producteurs : Isabelle Pragier, Laurent Lavolé
Directeur De Production : Bénédicte Mellac
1er Assistant Réalisateur : Bertrand Guerry
Casting : Jacques Grant
Chef Décorateur : Zé Branco
Compositeur : Louis Sclavis
Costumes Catherine Leterrier, Pierre Canitrot
Directeur De La Photographie : Jean-max Bernard
Ingénieur Du Son : Corinne Rozenberg, François Groult,Jean Minondo
Monteur : Catherine Schwartz
Régisseur : Jérémie Chevret
Script : Isabelle Vossart
- DISTRIBUTION
Thomas Dumerchez : Franck
Adrien Jolivet : Mathieu
Amina Medjoubi : La Mère De Franck
Elli Medeiros : Pauline
Elodie Bouchez : Laure
Guy Marchand : François
Luis Rego : Le Père De Franck
2 Commentaires
13 juillet 2008 à 21:19
Merci pour cette analyse très intéressante qui donne envie de découvrir le film ! :o)
12 juillet 2022 à 22:23
Nice bloog
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