Petites révélations, de Marie Vermillard * * *

Petites Révélations, un long métrage fait de courts. Mais comment créer une cohérence avec des saynettes autonomes et indépendantes ? Marie Vermillard réussit le pari en réalisant avec ce film un « puzzle décousu », une palette de sentiments avec, comme point de départ pour tous les segments, un instant t. Dix neuf situations déterminantes, dix neuf moments où soudain tout bascule dans la relation entre les personnages.

Marie Vermillard explore ici les plis et replis de l’âme humaine, se fait le témoin de bouleversements dans la vie de ses personnages. La réalisatrice étudie les réactions de l’Homme face aux interactions qui se produisent avec ses congénères, l’interpénétration des mondes personnels, les rencontres avortées aussi. Sans tentative d’analyse, elle sait rester humble, ne tente pas d’ « expliquer » la vie au spectateur. On reconnaît dans sa réalisation quelque chose de Cédric Klapisch et de ses galeries de personnages. On retrouve aussi la même empathie et la même curiosité pour l’homme et ses déterminismes. On aperçoit aussi, comme un clin d’œil, Zinedine Soualem et Renée Le Calm (la « petite vieille »), seconds rôles récurrents du réalisateur du récent Paris. Mais rien de vraiment étonnant lorsqu’on sait qu’elle a travaillé avec Klapisch comme scripte sur Riens du tout (1992) et Le Péril Jeune (1995), et comme assistante à la mise en scène sur Chacun cherche son chat (1996)…

Dans ce(s) film(s), la caméra agit comme un espion, se faufile au cœur de l’intimité profonde, saisit les non-dits, les regards qui se dérobent, travaille sur la puissance des silences. Au plus près des corps, tremblante, la caméra pénètre des espaces inhabituels – privées, intimes –. Chose impossible dans un long métrage qui suit une histoire pendant 1h30 – trop impudique, trop douloureux, parfois même à la limite du supportable – le court métrage permet d’approcher les extrêmes. Il permet l’intensité, la gêne, la transgression des codes établis, l’exploration de territoires inconnus – la liberté tout simplement. Le court métrage autorise l’extrême fragilité, la position d’être « sur le fil du rasoir » - en équilibre plus que précaire tout au long de la pellicule. Le court métrage est un domaine particulier du cinéma. Il apparaît là où ne l’attend pas. Alors qu’on l’imagine comme un sous-cinéma amputé de tous les côtés, il s’avère être tout le contraire. Il peut aller partout, et surtout là où le long métrage « ne passe pas ». Le court métrage est libre et inventif… Mais hélas trop peu connu et trop peu diffusé, il serait enfin temps d’inverser la vapeur…

Cécile Guthleben


  • BANDE ANNONCE


  • FICHE TECHNIQUE
Pays : France
Durée : 55 min
Date de sortie : 9 avril 2008
Scénario : Marie Vermillard
Assistant réalisateur : Caroline Steff
Production : Stéphanie Andriot
Décors : non crédité
Photographie : Benjamin Chartier , Justine Bourgade , Hadrien Ricol
Son : Jean-Baptiste Haehl , Vincent Verdoux
Montage : Thomas Marchand
Musique : Thomas Rannou

  • DISTRIBUTION
Dans leurs propres rôles :
Marilyne Canto
Antoine Chappey
Simon Abkarian
Hiam Abbass
Genevieve Tenne
Zinedine Soualem
Myriam Aziza
Renée Le Calm
Clémentine Yelnik
Alexis Armengol
Denis Falgoux
Daniel Larrieu
Catherine Schaub
Joël Brisse
Philippe Rebbot

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2 Commentaires

PREUM'S !
Bienvenue, Cécile !
(Oui, bon, je sais, pour l'instant c'est pas du sport d'être preum's sur ce site... Mais c'est pas ma faute...)

Merci!
Je suis contente d'être là!

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