Bread and roses, de Ken Loach * * * *
A peine la frontière mexicaine passée, tête baissée, en fonçant à travers les buissons, la situation s’éclaircit : Maya, une jeune femme, vient d’entrer clandestinement aux Etats-Unis et, réfugiée chez sa sœur après avoir échappé aux passeurs (qui comptaient se payer en anture), trouve un travail de femme de ménage dans un grand immeuble de Los Angeles. Mais les gens de ménage sont sous-payés, et un jeune syndicaliste s’en mêle.
Bread and roses offre au premier abord l’aspect d’un film militant efficace et un peu trop gentil. On ne peut pas ne pas admirer la vérité et la légèreté avec lesquelles Ken Loach aborde les scènes les plus délicates et, à l’inverse, les plus didactiques, la grâce comique des scènes présentant Maya au travail, et la verve de l’ouverture in medias res. On dirait facilement, cependant, qu’à part la transplantation de son univers aux Etats-Unis, Ken Loach se contenter d’ajouter un film à sa collection. Modérons notre propos en précisant qu’un film de Ken Loach de plus, ça n’a rien à voir avec un film de plus de Mark Herman, Peter Cattaneo et autres épigones, et que l’original plane cinq ou six ciels plus haut que les copies.
On est bien trompé alors. Cette insouciance n’est que celle de Maya, petit bout de femme revendicateur et pas facile à décourager, interprétée par Pilar Padilla avec une vitalité qui envoie sur le nez du spectateur une délicieuse brise marine. Et soudain, à peine le spectateur transformée en parfait petit syndicaliste, Ken Loach, dans une scène bouleversante, ouvre une brèche dans le dispositif, que dis-je une brèche, une plaie béante. La misère la plus noire et la plus horrible éclate sous la misère grise des gens de ménage ; le monde vacille. Ken Loach n’est pas défaitiste au point d’en conclure que le syndicalisme voudra bien attendre et céder sa place à l’humanitaire ; mais le combat devient alors symbolique, et notre petite bande de héros se fait entendre à la place de ceux dont la douleur est indicible.
Sans se départir de sa verve, Loach laisse alors affleurer, d’une façon qui demeure discrète, le lyrisme qui était celui de Land and freedom, et emporte totalement l’adhésion du spectateur. Bread and roses n’est pas un film de plus.
Cet article a d’abord paru dans Le Petit spectateur – papier n°90 (novembre-décembre 2000 et janvier 2001).
Durée : 1h50
Sortie française : 25 octobre 2000
Scénario : Paul Laverty
Assistant réalisateur : Ricardo Méndez Matta
Production : Rebecca O’Brien
Décors : Martin Johnson
Photographie : Barry Ackroyd
Son : Ray Beckett
Montage : Jonathan Morris
Musique : George Fenton
Sam Shapiro : Adrien Brody
Rosa : Elpidia Carrillo
Bert : Jack McGee
Simona : Monica Rivas
Luis : Frankie Davila
Responsable syndical : Tom Gilroy
Lui-même : Benicio del Toro
Lui-même : Chris Penn
Lui-même : Ron Perlman
Lui-même : Tim Roth
Bread and roses offre au premier abord l’aspect d’un film militant efficace et un peu trop gentil. On ne peut pas ne pas admirer la vérité et la légèreté avec lesquelles Ken Loach aborde les scènes les plus délicates et, à l’inverse, les plus didactiques, la grâce comique des scènes présentant Maya au travail, et la verve de l’ouverture in medias res. On dirait facilement, cependant, qu’à part la transplantation de son univers aux Etats-Unis, Ken Loach se contenter d’ajouter un film à sa collection. Modérons notre propos en précisant qu’un film de Ken Loach de plus, ça n’a rien à voir avec un film de plus de Mark Herman, Peter Cattaneo et autres épigones, et que l’original plane cinq ou six ciels plus haut que les copies.
On est bien trompé alors. Cette insouciance n’est que celle de Maya, petit bout de femme revendicateur et pas facile à décourager, interprétée par Pilar Padilla avec une vitalité qui envoie sur le nez du spectateur une délicieuse brise marine. Et soudain, à peine le spectateur transformée en parfait petit syndicaliste, Ken Loach, dans une scène bouleversante, ouvre une brèche dans le dispositif, que dis-je une brèche, une plaie béante. La misère la plus noire et la plus horrible éclate sous la misère grise des gens de ménage ; le monde vacille. Ken Loach n’est pas défaitiste au point d’en conclure que le syndicalisme voudra bien attendre et céder sa place à l’humanitaire ; mais le combat devient alors symbolique, et notre petite bande de héros se fait entendre à la place de ceux dont la douleur est indicible.
Sans se départir de sa verve, Loach laisse alors affleurer, d’une façon qui demeure discrète, le lyrisme qui était celui de Land and freedom, et emporte totalement l’adhésion du spectateur. Bread and roses n’est pas un film de plus.
Cet article a d’abord paru dans Le Petit spectateur – papier n°90 (novembre-décembre 2000 et janvier 2001).
Etienne Mahieux
- BANDE ANNONCE
- FICHE TECHNIQUE
Durée : 1h50
Sortie française : 25 octobre 2000
Scénario : Paul Laverty
Assistant réalisateur : Ricardo Méndez Matta
Production : Rebecca O’Brien
Décors : Martin Johnson
Photographie : Barry Ackroyd
Son : Ray Beckett
Montage : Jonathan Morris
Musique : George Fenton
- DISTRIBUTION
Sam Shapiro : Adrien Brody
Rosa : Elpidia Carrillo
Bert : Jack McGee
Simona : Monica Rivas
Luis : Frankie Davila
Responsable syndical : Tom Gilroy
Lui-même : Benicio del Toro
Lui-même : Chris Penn
Lui-même : Ron Perlman
Lui-même : Tim Roth
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