Merci pour le chocolat, de Claude Chabrol * * * *

Peu après, une apprentie pianiste d'une vingtaine d'années débarque dans la grande demeure Müller près du lac Léman et déclare, avec une vague apparence de plausibilité, que si ça se trouve elle est la fille d'André, un échange ayant failli être commis à la naissance avec Guillaume Polonski, né le même jour qu'elle. Polonski se prend d'affection pour elle et décide de lui transmettre son expérience musicale.

Menaçant à chaque instant de se dissoudre dans les blanches brumes du lac, ou dans les noirs reflets des pianos jumeaux du salon d'André, Merci pour le chocolat est un film sur le vide, fascinant comme un gouffre. Ce n'est pas forcément le vide de la bêtise (ne Flaubertisons pas à l'excès sous prétexte qu'il s'agit de Chabrol) ; c'est plutôt le trou noir (au sens astronomique) de la perversion et de la sécheresse de coeur
Désincarnée pendant les quatre-vingt-dix-huit premières minutes du film et hypnotisante comme qui sait quelle déesse orientale, Isabelle Huppert est l'emblème de ce gouffre, dont la sensation naît dans notre esprit pratiquement des seules volutes de la mise en scène du maître. C'est glaçant.
Cet article a été publié dans Le Petit Spectateur version papier N°91 Novembre-décembre 2000 - Janvier 2001
Etienne Mahieux
- BANDE ANNONCE
- FICHE TECHNIQUE
Scénario : Caroline Eliacheff et Claude Chabrol
D'après l'œuvre de : Charlotte Armstrong
Durée : 99 minutes
Date de sortie : 25 octobre 2000
Production : Marin Karmitz
Musique : Matthieu Chabrol
Photographie : Renato Berta
Montage : Monique Fardoulis
Pays d'origine : France
Format : Couleur - Dolby
- DISTRIBUTION
Jacques Dutronc : André Polonski
Anna Mouglalis : Jeanne Pollet
Rodolphe Pauly : Guillaume Polonski
Brigitte Catillon : Louise Pollet
Michel Robin : Dufreigne
Mathieu Simonet : Axel
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