La vérité si je mens ! 2, de Thomas Gilou *

Quelques années plus tard, le Sentier va bon train. Ou presque. La vérité, aujourd’hui, avec les petits détaillants indépendants, t’as ouallou. Il faut chercher dans l’Internet, ou dans la grande distribe. Mais c’est pas vraiment ça que raconte le film. C’en est la trame, mais la satire du capitalisme est un peu courte. Le sujet, plus encore que pour la première mouture, c’est la tchatche, et ses corollaires inévitables, le mensonge, voire la mythomanie. Quant à la communauté juive… Disons que nos sympathiques pieds-noirs portent une kippa de temps en temps, mais l’élément n’a plus grand-chose de déterminant.

Le problème, c’est que le mensonge est le ressort le plus éminemment traditionnel du vaudeville bien français. Tout le monde ment ici à un moment ou à un autre, sauf les femmes, reléguées du coup au rang de comparses. Parfois, c’est lamentable ; d’autres fois, c’est ad majorem gloriam dei, si je puis me permettre le latin faute de savoir l’hébreu. La vérité, qui veut la fin… Et donc, le film n’échappe aux rebondissement les plus convenus que grâce à l’épaisseur à laquelle les acteurs parviennent parfois. Il n’en reste pas moins que, venant après Le Placard, le film ne peut que décevoir par son absence d’ambition.

D’ambition artistique, évidemment. Sinon, Thomas Gilou s’accommode très bien du fait que son budget ait quadruplé. Il accompagne ses personnages, désormais très « nouveau riche », dans les appartements les plus spacieux, les restaurants les plus salés, Deauville, Saint-Tropez, et tout le tralala. La photo est toujours aussi impitoyable avec leur mauvais goût, et du coup avec nos nerfs optiques (dans le genre kitsch, on est loin des folies du jeune Almodovar.) Et Gilou parvient de temps en temps à se sortir du champ-contrechamp mécanique qui menaçait le spectateur du premier volet de s’assoupir de façon anticipée. Comble du pas-chicos rigolard : un générique qui parodie ceux des James Bond, avec un peu de mal à tenir la distance (mine de rien, Maurice Binder…).

Donc, la vérité, c’est plus rigolo que le premier, mais quant à la substance, macache bono bézef.

Cet article a paru pour la première fois dans Le Petit spectateur – papier n°92 (février-mars 2001)

Etienne Mahieux


  • BANDE ANNONCE


  • FICHE TECHNIQUE
Pays : France
Durée : 1h45
Date de sortie : 7 févrir 2001
Scénario : Gérard Bitton, Michel Munz
Assistant réalisateur : Alain Olivieri
Production : Aïssa Djabri, Farid Lahouassa, Manuel Munz
Décors : Olivier Raoux
Photographie : Robert Alazraki
Son : Frédéric Ullmann
Montage : Nicole Saunier
Musique : DJ Abdel, Hervé Rakotofiringa

  • DISTRIBUTION
Edouard « Eddie » Vuibert : Richard Anconina
Serge Benamou : José Garcia
Yvan : Bruno Solo
Dov Mimran : Gad Elmaleh
Patrick Abitbol : Gilbert Melki
Vierhouten : Daniel Prévost
Chochana Boutboul : Elisa Tovati
Sandra Vuibert : Amira Casar
Karin Abitbol : Aure Atika
Maurice Boutboul : Enrico Macias
Suzie Boutboul : Nicole Calfan
Miro : Isaac Sharry
Le rabbin : Victor Haïm
Muriel : Sabrina van Tassel
L’avocat : Christian Bujeau
Mme Vierhouten : Marie-Christine Adam

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