Daniel Emilfork (1924-2006)

Comédien français d'originalité judéo-chilienne, Daniel Emilfork offrait au cinéma un visage inoubliable, en lame de couteau, au menton et au front fuyants, et sa voix grave enrobée d'un accent qu'il disait " moldo-valaque ". Ces mêmes qualités qui le rendaient inoubliable l'ont cantonné à des rôles secondaires, lui fussent-ils confiés avec une grande amitié. Daniel Emilfork est décédé le 17 octobre 2006 à Paris.

Né au Chili dans une famille de juifs russes ayant fui les pogroms, Daniel Emilfork est arrivé à l’âge de vingt-cinq ans à Paris, où il est devenu une figure du quartier de Montmartre. En parallèle avec une longue carrière théâtrale, auprès notamment de Patrice Chéreau, Claude Régy ou André Engel, il obtint ses premiers rôles au cinéma dans les années 1950 ; il apparaît dans Notre-Dame de Paris (1956) et Maigret tend un piège (1957) de Jean Delannoy ou Les Espions de Henri-Georges Clouzot (1957). Généralement employé pour son physique (qui l’amène à jouer le diable en personne — et à prêter ses traits à plusieurs personnages des bandes dessinées de Jacques Tardi), il fait très peu d’apparitions marquantes, dans des films, notamment horrifiques, qui ne le sont eux-mêmes pas toujours. Il faut toutefois signaler sa participation à l’extravagante distribution de Quoi de neuf, Pussycat ? de Clive Donner (1965). A la même époque toutefois sa silhouette retient l’attention d’auteurs plus exigeants : George Cukor, Romain Gary, Alain Robbe-Grillet pour Trans-Europ-Express (1966) et La Belle captive (1983), et surtout Federico Fellini, qui lui offre un rôle à sa démesure dans le bestiaire de Casanova (1975). Devenu une figure familière des écrans, grâce à ces films mais aussi à ses apparitions télévisées, notamment son rôle dans la série Chéri-Bibi, il obtient des rôles plus substantiels aussi bien dans Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ de Jean Yanne (1982) que Pirates de Roman Polanski (1986). Il trouve son meilleur rôle en 1995, en docteur Krank de La Cité des enfants perdus de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro, qui lui offrent l’occasion de déployer son talent expressionniste. Effet pervers ? Emilfork y était si impressionnant qu’il devenait légendaire, et ne tourna plus guère par la suite.

Etienne Mahieux


  • FILMOGRAPHIE SELECTIVE
2005 Les Rois maudits de Josée Dayan (TV)
2000 Les Frères Sœur de Frédéric Jardin
1995 La Cité des enfants perdus de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro
1994 Lou n’a pas dit non d’Anne-Marie Miéville
Taxandria de Raoul Servais
1991 Le Premier cercle de Sheldon Larry (TV)
1988 La Fée carabine de Yves Boisset (TV)
1986 Le Passage de René Manzor, Pirates de Roman Polanski
1983 La Belle captive d’Alain Robbe-Grillet
1982 Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ de Jean Yanne
1979 Subversion de Stanislav Stanojevic
1978 La Grande cuisine de Ted Kotcheff
1975 Le Casanova de Fellini de Federico Fellini
1974 Chéri-Bibi de Jean Pignol (série TV)
1972 Voyages avec ma tante de George Cukor
1971 Police Magnum de Romain Gary
La Plus longue nuit du diable
de Jean Brismée
1966 Trans-Europ-Express d’Alain Robbe-Grillet
1965 Lady L de Peter Ustinov
Le Liquidateur
de Jack Cardiff
Dis-moi qui tuer
de Etienne Périer
Quoi de neuf, Pussycat ?
de Clive Donner
1963 Château en Suède de Roger Vadim
1962 La Poupée de Jacques Baratier

1961 Le Rendez-vous de minuit de Roger Leenhardt
1959 Du rififi chez les femmes de Alex Joffé
1958 Le Temps des œufs durs de Norbert Carbonnaux
1957 Maigret tend un piège de Jean Delannoy
Une parisienne de Michel Boisrond
Les Espions
de Henri-Georges Clouzot
1955 Futures vedettes de Marc Allégret

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