Ensemble, c’est tout, de Claude Berri * * *
Adapté du roman à succès d’Anna Gavalda, le dernier film de Claude Berri a lui aussi obtenu la faveur du public. Il le doit sans doute à son ton chaleureux, entre comédie douce-amère et conte de fées quotidien ; de la cohabitation improbable de quatre personnages dans un grand appartement, il fait un petit traité épicurien sur l’art de vivre ensemble, c’est tout.
Camille est femme de ménage. Désargentée, elle habite un infâme boui-boui sous les toits d’un grand immeuble. Elle invite un jour à dîner, sur une impulsion, son voisin Philibert, un jeune homme bègue aux tenues extravagantes, qui vit dans un grand et luxueux appartement tenu de sa famille, où il recueille bientôt une Camille anéantie par la grippe. Celle-ci fait alors la connaissance de Franck, un cuisinier bourru également recueilli par Phillibert, et qui consacre ses rares moments de liberté à de brèves aventures féminines, et à sa grand-mère Paulette, diminuée par un accident de santé.
Rencontres, croisements, percussions : la cohabitation sera évidemment détonante. Il faut avouer qu’elle ne se développe pas sans clichés : histoire d’amour attendue, fin annoncée de la vieille dame, projets professionnels, épanouissement artistique… Un seul est (heureusement) refusé : le triangle amoureux. Leur combinaison est plus intéressante : à l’Etat chargé de satisfaire l’intérêt général, Berri substitue une communauté de hasard capable de se consacrer aux intérêts particuliers, ceux-ci ayant fini par se rapprocher dans un consensus à taille humaine. Là où le médecin du travail, qu’on ne consulte que pour des certificats d’aptitude, est impuissant à guérir l’anorexie de Camille, Philibert, qui mêle sournoisement du fromage à la soupe, et Franck qui fait des crêpes meilleures qu’à la Coupole, se montreront efficaces. La solution du problème économique posé par le placement de Paulette en maison de retraite constitue un éloge inattendu de la décroissance (coût divisé par trois, bénéfice humain très important). La soupe est moulinée à la main, cela va sans dire : cet éloignement des institutions est d’essence épicurienne. C’est pourquoi le personnage de Camille, qui refuse amour et nourriture (le film lie les deux thèmes), est le plus intéressant du film, grâce aussi à l’interprétation d’Audrey Tautou, attendrissante et venimeuse dans le même mouvement, qui donne avec virtuosité le « la » des changements de ton du récit.
Au-delà du propos politique, l’art de Berri est ici de réussir des scènes et des croquis : comme son héroïne il se veut plus dessinateur que peintre. La conduite inattendue d’une scène, le bonheur d’un dialogue, apportent aux détails du film la fraîcheur qui manque parfois à l’ensemble. Ainsi, la réaction de Camille aux cris du cochon qu’on égorge — et son ignorance de la charcuterie — éclairent de façon nouvelle sa virée à la campagne avec Franck. De même la scène où Paulette se laisse dessiner par Camille est d’une beauté aux accents bergmaniens, Berri, victime d’un accident vasculaire cérébral peu avant le tournage, y apprivoisant sa peur du vieillissement et de la mort. Meilleur constructeur de l’espace qu’il ne l’admet en interviews (ce que révélait déjà Lucie Aubrac), Berri soigne l’atmosphère d’un appartement incurablement vaste et sinistre, et qu’il a soin de ne pas montrer trop luxueux : c’est un bric-à-brac et non un lieu d’enfermement mental.
Laurent Stocker et Françoise Bertin apportent au film leur présence inédite au cinéma dans des rôles de cette importance, et contribuent ainsi grandement à la personnalité originale de l’œuvre.
Durée : 1h37
Date de sortie : 21 mars 2007
Scénario : Claude Berri
D’après le roman de : Anna Gavalda
Assistant réalisateur : Thierry Mauvoisin
Collaboration artistique : François Dupeyron
Production : Claude Berri, Pierre Grunstein, Nathalie Rheims
Décors : Laurent Ott
Photographie : Agnès Godard
Son : Pierre Gamet, Gérard Lamps
Montage : François Gédigier
Musique : Frédéric Botton
Franck : Guillaume Canet
Philibert Marquet de la Tubelière : Laurent Stocker
Paulette : Françoise Bertin
Mamadou : Firmine Richard
Yvonne : Hélène Surgère
La mère de Camille : Danièle Lebrun
Le patron du « Restaurant des voyageurs » : Roger Dumas
M. de la Tubelière : Bernard Dhéran
Mme de la Tubelière : Marie-France Mignal
Médecin du travail : Alain Sachs
Professeur de théâtre : Raymond Acquaviva
Le curé : Jacques Ciron
Camille est femme de ménage. Désargentée, elle habite un infâme boui-boui sous les toits d’un grand immeuble. Elle invite un jour à dîner, sur une impulsion, son voisin Philibert, un jeune homme bègue aux tenues extravagantes, qui vit dans un grand et luxueux appartement tenu de sa famille, où il recueille bientôt une Camille anéantie par la grippe. Celle-ci fait alors la connaissance de Franck, un cuisinier bourru également recueilli par Phillibert, et qui consacre ses rares moments de liberté à de brèves aventures féminines, et à sa grand-mère Paulette, diminuée par un accident de santé.
Rencontres, croisements, percussions : la cohabitation sera évidemment détonante. Il faut avouer qu’elle ne se développe pas sans clichés : histoire d’amour attendue, fin annoncée de la vieille dame, projets professionnels, épanouissement artistique… Un seul est (heureusement) refusé : le triangle amoureux. Leur combinaison est plus intéressante : à l’Etat chargé de satisfaire l’intérêt général, Berri substitue une communauté de hasard capable de se consacrer aux intérêts particuliers, ceux-ci ayant fini par se rapprocher dans un consensus à taille humaine. Là où le médecin du travail, qu’on ne consulte que pour des certificats d’aptitude, est impuissant à guérir l’anorexie de Camille, Philibert, qui mêle sournoisement du fromage à la soupe, et Franck qui fait des crêpes meilleures qu’à la Coupole, se montreront efficaces. La solution du problème économique posé par le placement de Paulette en maison de retraite constitue un éloge inattendu de la décroissance (coût divisé par trois, bénéfice humain très important). La soupe est moulinée à la main, cela va sans dire : cet éloignement des institutions est d’essence épicurienne. C’est pourquoi le personnage de Camille, qui refuse amour et nourriture (le film lie les deux thèmes), est le plus intéressant du film, grâce aussi à l’interprétation d’Audrey Tautou, attendrissante et venimeuse dans le même mouvement, qui donne avec virtuosité le « la » des changements de ton du récit.
Au-delà du propos politique, l’art de Berri est ici de réussir des scènes et des croquis : comme son héroïne il se veut plus dessinateur que peintre. La conduite inattendue d’une scène, le bonheur d’un dialogue, apportent aux détails du film la fraîcheur qui manque parfois à l’ensemble. Ainsi, la réaction de Camille aux cris du cochon qu’on égorge — et son ignorance de la charcuterie — éclairent de façon nouvelle sa virée à la campagne avec Franck. De même la scène où Paulette se laisse dessiner par Camille est d’une beauté aux accents bergmaniens, Berri, victime d’un accident vasculaire cérébral peu avant le tournage, y apprivoisant sa peur du vieillissement et de la mort. Meilleur constructeur de l’espace qu’il ne l’admet en interviews (ce que révélait déjà Lucie Aubrac), Berri soigne l’atmosphère d’un appartement incurablement vaste et sinistre, et qu’il a soin de ne pas montrer trop luxueux : c’est un bric-à-brac et non un lieu d’enfermement mental.
Laurent Stocker et Françoise Bertin apportent au film leur présence inédite au cinéma dans des rôles de cette importance, et contribuent ainsi grandement à la personnalité originale de l’œuvre.
Etienne Mahieux
- BANDE ANNONCE
- FICHE TECHNIQUE
Durée : 1h37
Date de sortie : 21 mars 2007
Scénario : Claude Berri
D’après le roman de : Anna Gavalda
Assistant réalisateur : Thierry Mauvoisin
Collaboration artistique : François Dupeyron
Production : Claude Berri, Pierre Grunstein, Nathalie Rheims
Décors : Laurent Ott
Photographie : Agnès Godard
Son : Pierre Gamet, Gérard Lamps
Montage : François Gédigier
Musique : Frédéric Botton
- DISTRIBUTION
Franck : Guillaume Canet
Philibert Marquet de la Tubelière : Laurent Stocker
Paulette : Françoise Bertin
Mamadou : Firmine Richard
Yvonne : Hélène Surgère
La mère de Camille : Danièle Lebrun
Le patron du « Restaurant des voyageurs » : Roger Dumas
M. de la Tubelière : Bernard Dhéran
Mme de la Tubelière : Marie-France Mignal
Médecin du travail : Alain Sachs
Professeur de théâtre : Raymond Acquaviva
Le curé : Jacques Ciron
4 Commentaires
17 juin 2008 à 22:43
Aïe aïe aïe !! Je viens de voir ce film à la tévé, je l'ai trouvé mauvais !
D'abord, n'y a pas d'histoire, enfin si, une histoire très banale d'une femme et d'un homme qui s'aiment, on ne va pas bien loin avec ça. On s'attend à un nouveau Jules et Jim : une femme, deux hommes, de la séduction, de l'amour, de l'amitié, de la passion... eh bien NON !! Rien de rien, non il ne se passe rien.
Ensuite, tout est plat, inconsistant, on glisse sur les personnages :
- au début du film, Philibert est un personnage bien "dessiné". On s'y attache, on voudrait bien le suivre, mais il est lâché en route, allez hop on lui donne des cours d'orthophoniste pour soigner son bégaiement, des cours de tgéâtre pour lui donner de l'assurance, hoip on lui refile une blonde et zou on n'en parle plus ! Dommage.
- Ensuite, Camille. Pourquoi est-elle anorexique ? (vague piste lors d'une conversation avec sa mère où l'on devine une relation très ambivalente, mais bon...) La aussi hop par miracle elle retrouve l'appétit, forcément puisqu'elle trouve l'amour. Un peu simple, non ?
- la grand-mère de Franck est certes très touchante, mais elle aussi est expédiée hop au crematorium ! C'est juste pour faire pleurer dans les chaumières.
- enfin, Franck. Personnage insipide. Qui est-il vraiment ? C'est une caricature de la brute au grand coeur. Mais bon, ça ne va pas beaucoup plus loin.
Question décor, l'appartement est très chouette, atemporel, un vrai décor de théâtre, ou plutôt de coulisses. Un beau travail a été fait de ce côté là, mais cela ne suffit pas à faire un bon film.
Il ne se passe rien. Et puis Tautou et Canet son bien fades.
Comme l'indique le titre, c'est l'histoire d'un couple qui se met ensemble, c'est tout.
Et c'est pas assez.
17 juin 2008 à 23:24
oqwdhAh non! Pas Trois étoile pour ce navet!
18 juin 2008 à 10:35
Je préfère les arguments de Judith... ;-)
5 février 2013 à 23:37
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