Pirates des Caraïbes : le secret du coffre maudit, de Gore Verbinski *

Manifestement (et maladroitement) conçu pour un public captif, ce deuxième volet de Pirates des Caraïbes retourne à son origine, c’est-à-dire à une simple attraction foraine. Gore Verbinski relie consciencieusement des images obligées sans trop savoir quelle histoire il veut raconter.

Les tenants et les aboutissants de l’intrigue ne peuvent que demeurer obscurs à qui n’aurait pas vu le premier épisode. Mais au bout du compte il s’agit essentiellement d’une course-poursuite à laquelle participent divers personnages qui trahissent régulièrement leurs alliances d’intérêt. Le plus coloré d’entre eux est le capitaine pirate Jack Sparrow (Johnny Depp) qui ne cherche que rarement à cacher sa veulerie, son opportunisme et sa couardise.

Pirates des Caraïbes cherche à rassembler les familles devant les écrans estivaux et se réfère pour cela à l’esthétique établie voici une vingtaine d’années par Steven Spielberg ou Robert Zemeckis : de nombreux rebondissements tendant à la parodie, et le mélange des genres : le fantastique plus ou moins horrifique doit immanquablement venir colorer l’atmosphère, ce qui nous vaut, ici, un capitaine de vaisseau fantôme dont le visage s’est plus ou moins transformé en poulpe.

Gore Verbinski se garde bien de modifier quoi que ce soit à la formule. Seule la première séquence, sans lendemains, laisse espérer un film cherchant sa personnalité du côté d’une certaine noirceur romantique. Pour le reste, il s’agit essentiellement de filmer l’action ; Verbinski cherche généralement la meilleure façon de rendre compte du mouvement ; il a de joyeuses trouvailles au sujet d’une roue de moulin. Il échoue pourtant à nous intéresser : l’exposition des personnages et de leur situation étant renvoyée au précédent épisode, seule la tension dramatique ou le brio de l’ensemble pouvaient nous captiver. Sur ce dernier point, Verbinski, élève appliqué, n’est pas Spielberg ; il n’est pas aidé par un scénario dont les péripéties, surtout sur la fin, sont quelque peu répétitives — défaut qui se communique aux effets spéciaux, d’ailleurs d’ampleur limitée par rapport aux hautes doses que nous prenons l’habitude d’ingurgiter. Quant à la tension, elle est désamorcée par l’impression que donnent les acteurs, de jouer dans des films différents. Johnny Depp (en complicité manifeste avec le cinéaste) tire le film vers la parodie ; face à lui, Orlando Bloom, crédible en Erroll Flynn, reste d’un sérieux absolu.

Ce sont les femmes qui tirent leur épingle du jeu : l’exquise Keira Knightley est la seule (avec la musique de Hans Zimmer) à réussir les sautes de registre que le film semble appeler, et Naomie Harris fait une brève et savoureuse création.

Etienne Mahieux

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  • FICHE TECHNIQUE
Titre original : Pirats of the Caribbean : dead man's chest
Date de sortie : 02 Août 2006
Pays : Etats-Unis
Durée : 2h26
Réalisateur : Gore Verbinski
Scénaristes : Ted Elliott et Terry Rossio
Producteur : Jerry Bruckheimer
Compositeur : Hans Zimmer
Chef des décors : Rick Heinrichs
Chef des costumes : Penny Rose
Directeur de la photographie : Dariusz Wolski
Producteurs exécutifs : Eric Mcleod ; Chad Oman ; Mike Stenson
Chef monteur : Craig Wood
Distributeur : BVI

  • DISTRIBUTION
Johnny Depp : Captain Jack Sparrow
Orlando Bloom : Will Turner
Keira Knightley : Elizabeth Swann
Stellan Skarsgård : Bill Turner
Jack Davenport : Norrington
Naomie Harris : Tia Dalma
Tom Hollander : Lord Beckett
Bill Nighy : Davy Jones
Lee Arenberg : Pintel

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