Ratatouille, de Brad Bird et Jan Pinkava * * *
Normalement, un rat dans la cuisine d’un restaurant entraîne la fermeture immédiate pour raisons sanitaires. Qui aurait cru qu’un jour la présence de ce rongeur coïnciderait avec un sommet de la cuisine française ? Et que ce serait un film d’animation aussi étatsunien qu’astucieux qui nous conterait ce paradoxe ?
Au début de Ratatouille, un coup de feu retentit à l’intérieur d’une maison, avant qu’un rat ne se sauve par la fenêtre en emportant un livre de cuisine. Comme une voix off vient de mentionner la déchéance d’un chef fameux, on songe, l’espace d’un instant, au suicide de Bernard Loiseau. Le film, qui se veut familial, n’est certes pas aussi sombre que cela, mais il vient de donner, par cette allusion, un gage aux puristes : ici la cuisine sera prise au sérieux, c’est un art, et une question de vie ou de mort.
C’est l’histoire de Rémy, un jeune rat au goût d’une exquise sensibilité, goûteur officiel de son clan, et qui rêve de posséder ce talent qu’il croit seulement humain : celui de transcender le goût des aliments en les cuisinant. Victime, avec sa nombreuse famille, d’une dératisation aux plombs de chasse, Rémy aboutit dans les égouts de Paris, la ville des plus grands chefs, et de son maître à penser Auguste Gusteau, cuisinier génial mais non élitiste, selon qui « tout le monde peut cuisiner ». Rémy s’introduit dans les cuisines de l’ancien restaurant du défunt Gusteau, mené d’une main d’acier par son ancien second de cuisine, Skinner…
On aura déjà reconnu l’une des principales qualités des productions Pixar : l’originalité d’un sujet qui refuse le filon du folklore, des légendes et des contes de fées, et qui joue de façon intéressante (comme ceux de Toy story ou Cars) avec le choix même du genre de l’animation (par ordinateur ou non, je ne pense pas que ce soit très important). Evoquer un art aussi sensuel sans le secours de prises de vues réelles n’est pas un choix facile.
Le pari est très honorablement tenu. L’une des deux principales réserves que j’aurais à formuler concerne la courbe du scénario, qui épouse les étapes convenues d’une success story des plus classiques. Il faut certainement voir là le résultat de l’opération de sauvetage menée par Brad Bird (auteur des Indestructibles) sur le projet original de Jan Pinkava, qui s’était enrichi, en phase de préparation, au point d’y perdre sa colonne vertébrale. Bird a opté pour un récit des plus classiques : c’était ce qu’on lui demandait. Mais, bonne surprise finale, les ultimes et astucieuses péripéties sont dictées par un propos moins classique — et d’autant plus étant donné le triomphe industriel de Pixar, qui vient de fusionner avec le département animation à bout de souffle de Disney — sur la nécessité absolue de déconnecter l’art de tout enjeu de pouvoir. De façon générale, tout ce qui concerne la cuisine elle-même témoigne d’un point de vue fin et passionné.
D’ailleurs, on doit aussi à Brad Bird la clarté d’une mise en scène qui joue sans cesse sur l’exploration de l’espace et les plans de profondeur et qui, elle, n’a absolument rien de convenu dans son élégance. On en vient même à regretter le rythme infernal des séquences d’action, tant on ne fait qu’entrevoir des compositions graphiques spectaculaires parfois noyées (au sens propre lorsqu’il s’agit des égouts) dans le tourbillon du montage. Mais l’ensemble porte littéralement l’humour du film et la tendresse avec laquelle les personnages (y compris les muridés) sont croqués dans le cadre sympathique d’un Paris bloqué au début des années 1970. Ratatouille, très bon divertissement familial, est aussi plus que cela : c’est une profession de foi artistique aussi nette que dénuée de prétention.
Etienne Mahieux
Durée : 1h50
Date de sortie : 1er août 2007
Scénario : Brad Bird, Jim Capobianco, Emily Cook, Kathy Greenberg, Jan Pinkava
Production : John Lasseter, Brad Lewis, Andrew Stanton
Décors : Harley Jessup
Conception visuelle : Susan Bradley, H.P. « Buck » Lewis
Photographie : Robert Anderson, Sharon Calahan
Son : Randy Thorn
Effets visuels : Apurva Shah
Directeur de l’animation : David DeVan
Montage : Darren T. Holmes
Musique : Michael Giacchino
Chanson interprétée par : Camille
Rémy : Patton Oswalt
Linguini : Lou Romano
Skinner : Ian Holm
Colette Tatou : Janeane Garofalo
Auguste Gusteau : Brad Garrett
Emile : Peter Sohn
Django : Brian Dennehy
Anton Ego : Peter O’Toole
Ambrister Minion : Brad Bird
Voix de la version française :
Rémy : Guillaume Lebon
Linguini : Thierry Ragueneau
Colette Tatou : Camille
Auguste Gusteau : Jean-Pierre Marielle
Emile : Pierre-François Martin-Laval
Un client : Guy Savoy
Au début de Ratatouille, un coup de feu retentit à l’intérieur d’une maison, avant qu’un rat ne se sauve par la fenêtre en emportant un livre de cuisine. Comme une voix off vient de mentionner la déchéance d’un chef fameux, on songe, l’espace d’un instant, au suicide de Bernard Loiseau. Le film, qui se veut familial, n’est certes pas aussi sombre que cela, mais il vient de donner, par cette allusion, un gage aux puristes : ici la cuisine sera prise au sérieux, c’est un art, et une question de vie ou de mort.
C’est l’histoire de Rémy, un jeune rat au goût d’une exquise sensibilité, goûteur officiel de son clan, et qui rêve de posséder ce talent qu’il croit seulement humain : celui de transcender le goût des aliments en les cuisinant. Victime, avec sa nombreuse famille, d’une dératisation aux plombs de chasse, Rémy aboutit dans les égouts de Paris, la ville des plus grands chefs, et de son maître à penser Auguste Gusteau, cuisinier génial mais non élitiste, selon qui « tout le monde peut cuisiner ». Rémy s’introduit dans les cuisines de l’ancien restaurant du défunt Gusteau, mené d’une main d’acier par son ancien second de cuisine, Skinner…
On aura déjà reconnu l’une des principales qualités des productions Pixar : l’originalité d’un sujet qui refuse le filon du folklore, des légendes et des contes de fées, et qui joue de façon intéressante (comme ceux de Toy story ou Cars) avec le choix même du genre de l’animation (par ordinateur ou non, je ne pense pas que ce soit très important). Evoquer un art aussi sensuel sans le secours de prises de vues réelles n’est pas un choix facile.
Le pari est très honorablement tenu. L’une des deux principales réserves que j’aurais à formuler concerne la courbe du scénario, qui épouse les étapes convenues d’une success story des plus classiques. Il faut certainement voir là le résultat de l’opération de sauvetage menée par Brad Bird (auteur des Indestructibles) sur le projet original de Jan Pinkava, qui s’était enrichi, en phase de préparation, au point d’y perdre sa colonne vertébrale. Bird a opté pour un récit des plus classiques : c’était ce qu’on lui demandait. Mais, bonne surprise finale, les ultimes et astucieuses péripéties sont dictées par un propos moins classique — et d’autant plus étant donné le triomphe industriel de Pixar, qui vient de fusionner avec le département animation à bout de souffle de Disney — sur la nécessité absolue de déconnecter l’art de tout enjeu de pouvoir. De façon générale, tout ce qui concerne la cuisine elle-même témoigne d’un point de vue fin et passionné.
D’ailleurs, on doit aussi à Brad Bird la clarté d’une mise en scène qui joue sans cesse sur l’exploration de l’espace et les plans de profondeur et qui, elle, n’a absolument rien de convenu dans son élégance. On en vient même à regretter le rythme infernal des séquences d’action, tant on ne fait qu’entrevoir des compositions graphiques spectaculaires parfois noyées (au sens propre lorsqu’il s’agit des égouts) dans le tourbillon du montage. Mais l’ensemble porte littéralement l’humour du film et la tendresse avec laquelle les personnages (y compris les muridés) sont croqués dans le cadre sympathique d’un Paris bloqué au début des années 1970. Ratatouille, très bon divertissement familial, est aussi plus que cela : c’est une profession de foi artistique aussi nette que dénuée de prétention.
Etienne Mahieux
- BANDE ANNONCE
- LIENS INTERNET
- FICHE TECHNIQUE
Durée : 1h50
Date de sortie : 1er août 2007
Scénario : Brad Bird, Jim Capobianco, Emily Cook, Kathy Greenberg, Jan Pinkava
Production : John Lasseter, Brad Lewis, Andrew Stanton
Décors : Harley Jessup
Conception visuelle : Susan Bradley, H.P. « Buck » Lewis
Photographie : Robert Anderson, Sharon Calahan
Son : Randy Thorn
Effets visuels : Apurva Shah
Directeur de l’animation : David DeVan
Montage : Darren T. Holmes
Musique : Michael Giacchino
Chanson interprétée par : Camille
- DISTRIBUTION
Rémy : Patton Oswalt
Linguini : Lou Romano
Skinner : Ian Holm
Colette Tatou : Janeane Garofalo
Auguste Gusteau : Brad Garrett
Emile : Peter Sohn
Django : Brian Dennehy
Anton Ego : Peter O’Toole
Ambrister Minion : Brad Bird
Voix de la version française :
Rémy : Guillaume Lebon
Linguini : Thierry Ragueneau
Colette Tatou : Camille
Auguste Gusteau : Jean-Pierre Marielle
Emile : Pierre-François Martin-Laval
Un client : Guy Savoy
2 Commentaires
5 juin 2008 à 11:36
Nous avons beaucoup aimé ce film !!! :oD
3 janvier 2013 à 06:53
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