Dinosaure, de Eric Leighton et Ralph Zondag * *

Le film commence à l’intérieur d’un œuf de dinosaure, dont le locataire ne va pas tarder à sortir, après avoir été tiré du nid maternel par deux ou trois espèces du genre à chaparder les œufs. Recueilli par une famille de lémuriens à la langue bien pendue, ledit locataire est un charmant et massif iguanodon qui répond au doux nom d’Aladar (mais non, pas Aladdin, Aladar). Evidemment, au milieu de petites boules de peluche primates, Aladar ne se sent pas à sa place. Mais la pulvérisation de la région par une météorite géante va lui permettre, en assumant sa différence, en allant à la rencontre de l’Autre, et en suivant la voie de l’Amour plutôt que celle de la Haine, de devenir un véritable héros disneyien.

En effet, si Dinosaure représente une prouesse technique sur laquelle je vais m’étendre, le spectateur éberlué peut constater que le scénario reprend, avec une régularité d’horloge, les poncifs les plus éculés des précédents films d’animation Disney, et plus de soixante pour cent du script de Tarzan (1999 !), pratiquement tels quels. Parier à ce point sur notre amnésie finira par leur jouer des tours. Pendant les dix premières minutes, où pas une seule ligne de dialogue n’est prononcée, on croit que Leighton et Zondag vont réussir un pari fou : réaliser, en images de synthèse, le Microcosmos de la paléontologie. Mais on est bientôt réduit à se retenir de pouffer devant une scène de marivaudage photocopiée sur un ronéotype, et prononcée avec ferveur par deux iguanodons entièrement conformes par ailleurs aux hypothèses des savants.

Car en effet, la plus grande qualité de Dinosaure est le réalisme, basé sur maints travaux scientifiques, de la représentation informatique des personnages, tous des images de synthèse insérées dans des décors en prises de vues réelles. Evidemment, la vraisemblance souffre un peu — mais on a vu nettement pire — de l’incohérence chronologique : toutes les espèces présentées ne sont pas contemporaines les unes des autres ; quant aux lémuriens, ils ne sont apparus que bien après l’extinction des dinosaures. Mais le résultat est saisissant, du moins pour les gigantesques reptiles (les lémuriens font un peu peluche lorsqu’on a vu en face leurs congénères du zoo de Vincennes, et surtout la peau de leur visage n’est pas encore satisfaisante). La puissance des ordinateurs n’exclut pas la représentation simultanée de plusieurs dizaines d’individus, mais favorise une relative sobriété de mise en scène, dont les auteurs tirent de bons partis, non sans que le son, et quelques plans « à effet » (la patte du brachiosaure qui s’abat, vue du sol, sur la « caméra »), ne rappellent l’esthétique agressive qui a cours à Hollywood.

Cet article a paru pour la première fois dans Le Petit spectateur — papier n°91 (novembre-décembre 2000 / janvier 2001)

Etienne Mahieux

  • FICHE TECHNIQUE
Pays : Etats-Unis
Titre original : Dinosaur
Durée : 1h22
Sortie le : 29 novembre 2000
Scénario : Thom Enriquez, John Harrison, Robert Nelson Jacobs, Walon Green, Ralph Zondag, Tamara Lusher, Shirley Pierce, Rhett Reese
Assistants réalisateur : Gerard DiNardi, Sam Hill, Tom Milo, Don Poquette
Production : Baker Bloodworth, Jim Burton, Pam Marsden
Décors : Walter P. Martishius
Personnages : Ricardo F. Delgado, David Krentz, Tina Price, William Stout
Photographie : David R. Hardberger, S. Douglas Smith
Son : Christopher Boyes
Effets visuels : Neil Krepela, Wally Schaab
Montage : H. Lee Peterson
Musique : James Newton Howard

  • DISTRIBUTION
Voix de la version originale :

Aladar : D.B. Sweeney
Plio : Alfre Woodward
Yar : Ossie Davis
Zini : Max Casella
Suri : Hayden Panettiere
Neera : Julianna Margulies
Baylene : Joan Plowright
Voix additionnelles : Camille Winbush

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