Blue Velvet, de David Lynch * * * *
L’univers de David Lynch apparaît souvent comme sombre et impénétrable. A y regarder de plus près, il se révèle certes complexe mais aussi étrangement attirant. Prenez Blue Velvet, par exemple…
Blue Velvet s’ouvre sur des images typiques de la banlieue américaine : des pelouses bien taillées, des barrières blanches, un chien qui s’amuse, un homme qui arrose son jardin. Et puis soudain cet homme est victime d’une crise cardiaque et s’effondre sur le sol. La caméra amorce alors un lent travelling vers le bas, pour finalement plonger sous terre pour nous faire voir les insectes et la vermine qui y vit. Ce passage sous la surface agit comme un prélude, et symbolise le chemin que va accomplir Jeffrey, le personnage principal : de sa banlieue lisse il va passer dans un monde dangereux et peuplé de vermines.
Mais c’est l’oreille humaine que Jeffrey découvre dans un champ qui le fait basculer définitivement dans un autre monde. Comme s’il était happé par la spirale du pavillon sans pouvoir opposer aucune résistance. Dans cet autre monde, tous les repères et les valeurs sont corrompus, pervertis. La première victime de cette inversion des codes n’est autre que Jeffrey lui-même qui se retrouve pris dans des situations qui le dépassent. Cet univers montre le verso du monde : sa laideur, sa saleté, sa nudité crue. Les couleurs (rouge foncé, noir, marron) font penser à des entrailles : notamment les murs et la moquette de l’appartement de Dorothy dont le rouge foncé profond donne le sentiment d’être dans un ventre. Dorothy Vallens, la brune, est, bien qu’elle semble y être retenue de force, l’égérie de ce monde du dessous. Elle incarne le mystère, la sexualité déviante. Elle sera également l’objet du désir perverti de Jeffrey. C’est elle qui l’entraînera plus profondément encore dans les méandres de l’horreur. Elle est le côté obscur de toute femme. Alors que, par opposition, Sandy Williams, la jolie lycéenne blonde complice de Jeffrey représente la pureté et l’innocence. David Lynch nous montre ainsi la chair, l’intérieur des choses. Blue Velvet semble donc conçu comme une exploration de la laideur et de la médiocrité humaine.
De même, la quasi-totalité du film est construite sur l’opposition entre l’exhibitionnisme et le voyeurisme, le voir et l’être vu, le caché et le dévoilé. En effet, l’intrigue du film repose sur le mystère qui entoure Dorothy, la seule construction possible quant au déroulement narratif est donc le va-et-vient entre le connu et l’inconnu. C’est d’ailleurs l’alternance entre ces pôles opposés qui crée le climat de tension qui court tout le long du film. En mettant en scène dans Blue Velvet le couple exhibitionniste/voyeuriste au sein de son intrigue, Lynch ne dénonce pas seulement le principe du cinéma, mais aussi celui du monde dans lequel nous vivons.
On peut aimer, on peut détester, mais on ne peut pas oublier Blue Velvet.
Durée : 2h
Date de sortie : 21 janvier 1987
Scénario : David Lynch
Production : Fred C. Caruso
Décors : Patricia Norris
Photographie : Frederick Elmes
Son : Tony Stephens
Montage : Duwayne Dunham
Musique : Angelo Badalamenti
Dorothy Vallens : Isabella Rossellini
Franck Booth : Dennis Hopper
Sandy Williams : Laura Dern
Mrs Williams : Hope Lange
Le detective John D. Williams: George Dickerson
Mrs Beaumont: Priscilla Pointer
Tom Beaumont: Jack Harvey
Mike, le petit ami de Sandy: Ken Stovitz
Blue Velvet s’ouvre sur des images typiques de la banlieue américaine : des pelouses bien taillées, des barrières blanches, un chien qui s’amuse, un homme qui arrose son jardin. Et puis soudain cet homme est victime d’une crise cardiaque et s’effondre sur le sol. La caméra amorce alors un lent travelling vers le bas, pour finalement plonger sous terre pour nous faire voir les insectes et la vermine qui y vit. Ce passage sous la surface agit comme un prélude, et symbolise le chemin que va accomplir Jeffrey, le personnage principal : de sa banlieue lisse il va passer dans un monde dangereux et peuplé de vermines.
Mais c’est l’oreille humaine que Jeffrey découvre dans un champ qui le fait basculer définitivement dans un autre monde. Comme s’il était happé par la spirale du pavillon sans pouvoir opposer aucune résistance. Dans cet autre monde, tous les repères et les valeurs sont corrompus, pervertis. La première victime de cette inversion des codes n’est autre que Jeffrey lui-même qui se retrouve pris dans des situations qui le dépassent. Cet univers montre le verso du monde : sa laideur, sa saleté, sa nudité crue. Les couleurs (rouge foncé, noir, marron) font penser à des entrailles : notamment les murs et la moquette de l’appartement de Dorothy dont le rouge foncé profond donne le sentiment d’être dans un ventre. Dorothy Vallens, la brune, est, bien qu’elle semble y être retenue de force, l’égérie de ce monde du dessous. Elle incarne le mystère, la sexualité déviante. Elle sera également l’objet du désir perverti de Jeffrey. C’est elle qui l’entraînera plus profondément encore dans les méandres de l’horreur. Elle est le côté obscur de toute femme. Alors que, par opposition, Sandy Williams, la jolie lycéenne blonde complice de Jeffrey représente la pureté et l’innocence. David Lynch nous montre ainsi la chair, l’intérieur des choses. Blue Velvet semble donc conçu comme une exploration de la laideur et de la médiocrité humaine.
De même, la quasi-totalité du film est construite sur l’opposition entre l’exhibitionnisme et le voyeurisme, le voir et l’être vu, le caché et le dévoilé. En effet, l’intrigue du film repose sur le mystère qui entoure Dorothy, la seule construction possible quant au déroulement narratif est donc le va-et-vient entre le connu et l’inconnu. C’est d’ailleurs l’alternance entre ces pôles opposés qui crée le climat de tension qui court tout le long du film. En mettant en scène dans Blue Velvet le couple exhibitionniste/voyeuriste au sein de son intrigue, Lynch ne dénonce pas seulement le principe du cinéma, mais aussi celui du monde dans lequel nous vivons.
On peut aimer, on peut détester, mais on ne peut pas oublier Blue Velvet.
Cécile Guthleben
- BANDE ANNONCE
- FICHE TECHNIQUE
Durée : 2h
Date de sortie : 21 janvier 1987
Scénario : David Lynch
Production : Fred C. Caruso
Décors : Patricia Norris
Photographie : Frederick Elmes
Son : Tony Stephens
Montage : Duwayne Dunham
Musique : Angelo Badalamenti
- DISTRIBUTION
Dorothy Vallens : Isabella Rossellini
Franck Booth : Dennis Hopper
Sandy Williams : Laura Dern
Mrs Williams : Hope Lange
Le detective John D. Williams: George Dickerson
Mrs Beaumont: Priscilla Pointer
Tom Beaumont: Jack Harvey
Mike, le petit ami de Sandy: Ken Stovitz
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