Virgin suicides, de Sofia Coppola * * * *

Dans la famille Lisbon, il y a la mère, autoritaire (Kathleen Turner) ; le père, professeur de mathématiques (James Wood), autoritaire parce que sa femme l’est, mais qui n’aspire à rien d’autre qu’au bien être de ses enfants ; enfin, ils y a les filles, cinq, toutes (presque) plus jolies que les autres, soumises à l’éducation rigoureuse et qui font battre les cœurs des garçons du quartier.

Que s’est-il donc passé, un beau jour, pour que les cinq sœurs Lisbon décident de mettre fin à leurs vies à peine entamées ?

The Virgin Suicides, c’est le récit des derniers mois de ces jeunes filles à travers ce qu’ont pu en reconstituer les quatre garçons qui ont eu la chance ( ?), le privilège ( ?), d’être – pour quelques heures – leurs cavaliers, et pour toujours leurs compagnons de cœurs. C’est le portrait d’une jeunesse américaine qui aurait sans aucun doute pu trouver sa place dans la magnifique série d’Arte, Tous les garçons et les filles… un portrait plein de tendresse et de pudeur. Une pudeur obligatoire et – ô merveille – non condescendante.

Dans la catégorie réalisatrice-fille-de-réalisateur, après Samira Makhmalbaf, c’est au tour de Sofia Coppola de faire parler d’elle. Et dans quels termes. Ce premier film est une véritable réussite.

Le sujet abordé est très délicat. Le suicide est une mort particulièrement douloureuse parce qu’elle rejette sur l’entourage du défunt un sentiment de culpabilité bien difficile à expier. Sofia Coppola arrive à ne pas faire le procès. Bien sûr l’autoritarisme de la mère Lisbon nous fait parfois nous dire « c’est sa faute, quelle mère indigne ! ». Mais il y a toujours, quelque part, l’amour perceptible d’une femme pour ses enfants. Peut-on condamner cette femme parce que, dans ce qu’elle croyait juste, elle s’est trompée ?

The Virgin Suicides n’est pas un réquisitoire, c’est juste l’exposé d’un fait, d’une situation. Et c’est tant mieux. Autour du suicide, il ne peut en être autrement. Car si l’on peut reconstituer un cheminement qui donnera matière à une explication, il manquera toujours, dans le puzzle, au moins une pièce. On ne saura jamais à quoi pense un individu au moment d’appuyer sur la détente. On ne saura jamais si un défénestré prend conscience de son geste entre son septième étage et le sol. On ne saura jamais, et on ne pourra jamais le savoir.

Cet article a paru pour la première fois dans Le Petit spectateur — papier n°90 (octobre-novembre 2000)

Frédéric Martin


  • BANDE ANNONCE



  • FICHE TECHNIQUE
Pays : Etats-Unis
Scénario : Sofia Coppola
D'après l'oeuvre de : Jeffrey Eugenides
Titre original : The Virgin suicides
Durée : 1h36
Date de sortie : 27 septembre 2000
Directeur de la photographie : Edward Lachman
1er assistant réalisateur : Tom Quinn
Compositeur : Air, Richard Beggs
Monteuse : Melissa Kent, James Lyons
Directeur artistique : Jon P. Goulding
Chef décoratrice : Jasna Stefanovic
Décoratrice : Megan Less
Costumière : Nancy Steiner
Réalisateur de 2nd équipe : Roman Coppola

  • DISTRIBUTION
Lux Lisbon : Kirsten Dunst
M. Lisbon : James Woods
Mme Lisbon : Kathleen Turner
Trip Fontaine : Josh Hartnett
Trip Fontaine adulte : Michael Pare
Le père Moody : Scott Glenn
Dr Horniker : Danny DeVito
Le narrateur : Giovanni Ribisi
Mary Lisbon : Andrea Joy Cook
Cecilia Lisbon : Hanna R. Hall
Therese Lisbon : Leslie Hayman
Bonnie Lisbon : Chelse Swain
Jake Hill Conley : Hayden Christensen
Paul Baldino : Robert Schwartzman
Chase Buell : Anthony DeSimone
Parkie Denton : Noah Shebib
Tim Weiner : Jonathan Tucker
Peter Sisten : Chris Hale
Dominic Palazzolo : Joe Dinicol
Lydia Perl : Suki Kaiser
Mme Sheer : Dawn Greenhalgh
M. Sheer : Allen Stewart-Coates
Mme Buell : Sherry Miller
M. Buell : Jonathon Whittaker
Mme Denton : Michelle Duquet
M. Denton : Murray McRae
Mme Weiner : Roberta Hanley
Joe Larson : Paul Sybersma
Le père de Trip : Peter Snider
Donald : Gary Brennan
Amy Schraff : Kristin Fairlie
Julie : Melody Johnson
Le docteur : François Klanfer
Kurt Siles : Tim Hall
Le principal Woodhouse : Andrew Gillies
Mme Woodhouse : Marilyn Smith
Mme Hedlie : Sally Cahill
M. O'Conner : Scot Denton
Mme O'Conner : Catherine Swing
Buzz Romano : Timothy Adams
L'homme saoul près de la piscine : Neil Girvan
La professeur : Marianne Moroney
John : John Buchan (non crédité)

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